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Mohamed V a-t-il vraiment protégé les Juifs du Maroc ?

Décrit comme le « père de la nation » et le « libérateur du pays », Mohamed V occupe une place centrale dans l’histoire moderne du Maroc. Son rôle durant la Seconde Guerre mondiale, lorsqu’il était sultan sous le protectorat français, suscite aujourd’hui des débats passionnés. L’image d’un souverain ayant protégé les Juifs marocains face aux lois antisémites du régime de Vichy est régulièrement mise en avant, notamment dans un contexte de rapprochement diplomatique avec Israël depuis 2020. Mais que disent réellement les faits historiques ?


Les dahirs antijuifs signés par Mohamed V

Entre 1940 et 1942, le gouvernement de Vichy imposa des lois discriminatoires contre les Juifs dans toutes les colonies françaises, y compris au Maroc. Ces mesures incluaient :

  1. L’exclusion des Juifs marocains de la fonction publique et de l’enseignement (dahir du 13 octobre 1940).
  2. L’interdiction d’exercer certaines professions libérales et artistiques, telles que le journalisme, le droit, et la médecine (dahir du 5 août 1941).
  3. La réintégration forcée des Juifs dans les mellahs traditionnels, souvent insalubres et surpeuplés (dahir du 19 août 1941).

Ces décrets, signés par Mohamed V, furent appliqués sous le protectorat, affectant profondément la communauté juive. Selon des archives, des centaines de Juifs furent contraints de quitter leurs postes ou leurs domiciles dans les villes modernes.

L'image semble être un document ou un texte historique en français. Il aborde des sujets concernant les juifs marocains et leur statut au sein des municipalités. On y trouve des mentions sur les droits et éventuellement des restrictions. Le texte fait référence à une décision prise par une autorité, ainsi qu'à certaines démarches administratives et aux implications pour les habitants concernés. Les détails spécifiques et le contexte précis de la situation sont probablement développés dans le corps du texte.

La controverse sur son rôle

Si Mohamed V a signé ces dahirs, certains historiens affirment qu’il aurait agi sous pression du protectorat français, qui contrôlait les affaires du pays. Il est également documenté que le sultan aurait exprimé des réticences à leur application stricte et aurait symboliquement invité des rabbins aux cérémonies officielles, en signe de solidarité. Cependant, ces gestes symboliques suffisent-ils à affirmer qu’il a « protégé » les Juifs du Maroc ?


Des questions sans réponse claire

  • Était-il possible pour Mohamed V de résister aux ordres de Vichy ? Certains avancent qu’il aurait risqué de mettre en péril son trône en s’opposant directement au protectorat.
  • Pourquoi les dahirs furent-ils signés si rapidement ? Les délais très courts entre les décisions de Vichy et leur mise en œuvre au Maroc (10 jours pour le premier dahir) interrogent sur la marge de manœuvre réelle du souverain.
  • Quelle était la perception des Juifs eux-mêmes ? De nombreux témoignages soulignent une reconnaissance envers Mohamed V, notamment pour ne pas avoir autorisé la déportation de Juifs marocains vers les camps nazis, contrairement à d’autres pays.

Un outil de soft power contemporain ?

Depuis la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, le rôle de Mohamed V est souvent utilisé comme levier diplomatique pour renforcer les liens entre les deux pays. Cette narration, selon laquelle le Maroc serait un modèle unique de protection des Juifs pendant la guerre, sert également à valoriser l’image du royaume sur la scène internationale.


Vers une relecture critique ?

La vérité sur Mohamed V est probablement plus nuancée que les récits héroïques ou les critiques sévères. Il est crucial de poser des questions comme :

  • Comment l’histoire des dahirs peut-elle être mieux intégrée dans les débats actuels sur la mémoire collective ?
  • Quels enseignements tirer de cette période pour mieux comprendre les relations entre la monarchie, les minorités et le pouvoir colonial ?

La mémoire historique, surtout lorsqu’elle est invoquée dans des enjeux politiques contemporains, mérite une analyse approfondie et une remise en question constante. La figure de Mohamed V demeure emblématique, mais son rôle pendant les années sombres du régime de Vichy invite à un examen honnête et rigoureux.

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