Par Sophia Akhmisse
Qui sont ces marocains de confession juive qui portent haut les couleurs de leur pays d’origine ? La liste est longue.
C’est une couverture originale qu’arbore Telquel dans sa dernière livraison : un trombinoscope ! Et pas n’importe lequel. « Juifs, marocains et influents », titre l’hebdomadaire qui dresse le portrait de ces hommes et de ces femmes dont « certains vivent encore au Maroc et incarnent un pan essentiel de notre culture dans sa diversité ». D’autres ont migré vers d’autres cieux, partis s’installer en Israël ou ailleurs, mais sont restés attachés à leur terre d’origine.
Il y a les « marocains avant tout »
Rabbins, politiques ou acteurs associatifs, ils ont « préféré rester au Maroc plutôt que d’émigrer en Israël du fait d’un profond attachement à leur pays ». Parmi eux, on retrouvera des noms tels que Sion Assidon, « acteur de la société civile et pro-palestinien », Robert Assarraf, « historien décrit comme l’homme-passerelle », Monique Elgrhichi, « fondatrice de l’agence Mosaik et conseillère des décideurs » ou encore Maguy Kakon, « femme politique mais citoyenne d’abord » et André Azoulay. Sur les colonnes de Telquel, le conseiller du roi se décrit comme étant « juste un militant conscient de la singularité de son pays ».
Il y a « les derniers des mohicans »
« Quelques artistes et créateurs marocains d’origine juive », c’est ainsi que présente Telquel ces hommes et femmes « restés au Maroc, perpétuant notre patrimoine judéo-arabe et portant le flambeau d’une culture millénaire ». Ils sont chanteurs, tels que Maxime Karoutchi et Haïm Botbol, réalisateurs à l’image de Izza Genini, « la marraine du cinéma marocain », ou encore architectes comme Elie Mouyal, le « bâtisseur de villes ».
Il y a « les marocains d’Israël »
Ceux-là sont diplomates ou politiciens, tels que David Levy « le maçon devenu ministre » ou Yehuda Lancry, alias « le médiateur » et Amir Peretz, « ex-patron du Parti travailliste toujours sur le front ». On trouve aussi parmi eux des hommes d’affaires réputés, comme Reuven Abergel que Telquel dépeint comme « le défendeur des arabes ».
Il y a « nos ambassadeurs culturels » et les acteurs des médias
Pour l’hebdomadaire, ils ont, pour les premiers, « réussi à s’imposer à l’étranger en devenant des stars internationales et en exportant, pour certains, la dimension juive de la culture marocaine ». Si l’on connaît Gad Elmaleh, Mike Karoutchi (compositeur) ou encore la chanteuse Sapho, on sera surpris de retrouver parmi ces célèbres Marocains de confession juive le grand David Guetta. Et oui, « le père du célèbre DJ français est un restaurateur juif marocain qui a grandi dans la ville du Nord », rapporte Telquel. « Un héritage que l’artiste n’a pas oublié, puisqu’il a ouvert à Paris, avec la collaboration de son père, un restaurant marocain baptisé Le Tanjia ». Et, bien sur, notre ami Bob Ore Abitbol de Casablanca, ecrivain et homme d’affaires que tout le monde connait en Californie et a Montreal ou il vit aujourd’hui. Quant aux seconds, ils ont pour la plupart percé dans les médias en France. On y retrouvera notamment Raphael Mergui et Arthur, tous deux nés à Casablanca, ainsi que Ruth Elkrief, star de l’information dont le grand-oncle Chalom Messas a été « grand rabbin du Maroc » avant de rejoindre Jérusalem.
Il y a ceux qui « comptent à l’international »
Décrits comme des « lobbyistes, hommes politiques ou scientifiques, ils ont fait carrière à l’étranger où ils se sont imposés dans leurs domaines respectifs ». Ils sont nés au Maroc et sont devenus la fierté nationale par procuration. Citons, parmi eux, « le soldat de Sarkozy », Roger Karoutchi et originaire d’Essaouira, l’ex-présidente de la Fédération sépharade des Etats-Unis, Liliane Winn-Shalom, lobbyiste du Maroc née à Casablanca, ou encore le célèbre chroniqueur radio, Gabriel Banon, conseiller économique et décrit comme « le sherpa de Yasser Arafat ». Sans oublier le grand publicitaire Richard Attias, alias Monsieur com’ d’influence, ou l’écrivain « antisioniste virulent », Jacob Cohen, natif de Meknès.
Last but not least, les « capitaines d’entreprise »
« Financiers de haut vol ou acteurs influents dans le secteur de luxe, ils sont partis de rien pour devenir des hommes d’affaires prospères grâce à leur sens du business. Ils marquent le tempo sur les marchés financiers et créent les tendances de la mode ». « Ils » s’appellent Albert El Baz (directeur artiste de Lanvin, né à Casablanca), Sidney Toledano (PDG de Dior, président de la communauté juive de Casablanca) ou encore Paul Marciao (Fondateur de Guess, né à Debdou, une petite ville de l’Oriental connue pour être constituée d’une importante communauté juive).
A lire les nombreux portraits dressés par l’hebdomadaire, on ne peut que constater la richesse culturelle du Maroc où le patrimoine judaïque tient une place importante. La communauté juive participe grandement à la singularité et au rayonnement du royaume.