jeudi, novembre 21, 2024
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Coutumes de Roch Hachana de tous les pays du monde

Le tour du monde des coutumes de Roch Hachana

Par Laly Derai

Tête de poisson ou tête de mouton ? Pomme dans le miel ou dans le sucre ? 30 ou 100 sonneries du Chofar ? Pour ou contre les noix ? C’est au moment des fêtes que la diversité du peuple juif est la plus palpable et Roch Hachana n’est pas en reste : chaque communauté et ses coutumes, chaque famille et ses habitudes, chaque pays et ses usages. Hamodia est allé à la recherche des minhagim pour vous offrir dossier doux comme le miel… 
 

Alsace et Europe occidentale :

Le jour de Roch Hachana, les Juifs alsaciens revêtent leur « sargueness » blanc, qui est en fait le vêtement mortuaire qu’ils porteront à 120 ans. Les amateurs d’humour noir affirment que le mot « sargueness » vient de l’allemand « Sarj » qui veut dire cercueil. Selon une explication un peu moins angoissante, « sargueness » viendrait plutôt du mot français « serge », qui désigne le tissu avec lequel est fabriqué ce vêtement. Les nouveaux mariés et les personnes en deuil ne portent pas le sargueness, les premiers pour ne pas attirer le deuil alors qu’ils se trouvent dans la joie de la première année du mariage et les seconds pour ne pas attirer le malheur alors qu’ils l’ont déjà connu cette année.
Toutefois, la kippa blanche est de rigueur pour tout le monde. Certains ont également l’habitude de porter durant les deux jours de Roch Hachana un Talith complètement blanc.
Juste après l’office de Arvit, la communauté chante le piyout de Yigdal sur un air particulier aux Yamim Noraïm. La prière de Roch Hachana est extrêmement solennelle et cette gravité atteint son apogée au moment du « tätchen », la sonnerie du Chofar. L’expression « tätchen » a été forgée d’après les initiales des trois notes traditionnelles, Tékia, Téroua et Chevarim.

Le Séder ashkénaze n’est pas très long puisqu’il se compose de pomme dans le miel ou de apfelkrapfe (le chausson aux pommes alsacien) et de tête de mouton. La coutume veut que l’on ne mange pas de noix durant toute la période des fêtes de Tichri car le mot Egoz (noix en hébreu), à la même valeur numérique que le mot ‘Het (péché).
La lecture de la Torah se déroule selon la mélodie particulière des Yamim Noraïm. Trois personnes sont tenues de monter à la Torah : le Baal Tokéa (celui qui sonne du Chofar), celui qui lui indique les sonneries et l’officiant. Toutefois, si l’officiant est payé pour réciter la prière, il n’est pas obligé de monter à la Torah.

Yémen :
Depuis Roch ‘Hodech Eloul et jusqu’à la veille de Kippour, petits et grands se lèvent vers 2h30 du matin chaque nuit pour les « Achmorot ». Les femmes sont également tenues de se lever et certaines ont pris l’habitude de préparer le café aux hommes à la synagogue.
Le jour de Roch Hachana, un très vieil usage veut que l’on sonne trente sonneries de Chofar avant même le Alot Hacha’har, (montée de l’aube) afin de « précéder le Mal avant qu’il ne te précède ».
La Baal Tokéa monte à la Torah à la cinquième montée. Juste avant la vente de la Haftara, le ‘hazan bénit les fidèles et leur souhaite d’être inscrits dans le livre de la Vie et du Souvenir. Les fidèles lui répondent en chœur : « Toi aussi, sois inscrit dans le livre de la Vie et du Souvenir ».
La prière du Moussaf est lue par le ‘hazan à voix haute afin de rendre quittes ceux qui ne savent pas lire. Durant Moussaf, on ne sonne que dix sonneries du Chofar et à la fin, le Baal Tokéa sonne une grande Téroua.
Avant la prière de Min’ha, on lit le livre de Téhilim, la première moitié étant lue le premier jour de Roch Hachana et la seconde le deuxième jour.
Le Tachli’h ne fait pas partie du « Ti’hlal », le Sidour yéménite, mais la communauté a pris l’habitude de se joindre aux autres Édot lors de cette cérémonie.
Certains ont le minhag d’égorger un mouton ou un veau le matin de Roch Hachana pour jouir de la viande la plus « fraîche » possible.

Les Prouchim d’Eretz Israël :
Avant la fête, on recouvre le Aron Hakodech et le pupitre de tissus blancs tandis que les Sifré Torah sont revêtus de leurs housses blanches.
Le pain du Motsi est trempé dans le sel et le miel. Ensuite, commence le Séder de Roch Hachana au cours duquel on consomme de la pomme trempée dans le miel, des dattes, de la grenade, du poisson et de la viande de tête de bélier. Au moment de manger le poisson, les Prouchim se souhaitent de ne pas être touchés par le mauvais œil.
Suivant le minhag du Gaon de Vilna, certains ont l’habitude de ne pas manger de raisin ni de viande grasse durant Roch Hachana. Là aussi, les noix sont bannies du menu.
Durant la Amida de Moussaf de Roch Hachana, la coutume est de ne pas sonner du Chofar. Les trente sonneries « manquantes » sont complétées juste avant Alénou Léchabéa’h.
Selon le Gaon de Vilna, il est interdit de pleurer durant Roch Hachana.

Kurdistan
L’usage parmi la communauté juive kurde est de jeûner la veille de Roch Hachana, avant de débuter le jour du Jugement dans la solennité. Juste après la prière de Cha’harit de la veille de la fête, les familles se rendent au marché pour faire leurs courses et acheter les fruits les plus frais possible. Ces achats sont appelés « Zouanit Toumaï ».
Min’ha de la veille de Roch Hachana, qui est la dernière Tfila de l’année, est récitée avec une très grande ferveur. Elle est suivie du piyout « A’hot Kétana », qui est lu en hébreu et en kurde.
Arrivé à la maison, le chef de famille récite douze fois plusieurs versets de la Torah, des Prophètes et des Kétouvim avant de commencer le Kiddouch. Le Motsi est trempé dans du sucre et pas dans du miel qui est, selon la Kabbala, associé au Din, à la rigueur.
Durant les deux jours de Roch Hachana, on fait monter à la Torah tous ceux qui n’ont pas l’habitude de se rendre à la synagogue au courant de l’année. Le Piyout «Ète Chaaré Ratson» est lui aussi lu en hébreu et en kurde.
Les Juifs kurdes ont l’habitude de lire deux fois le livre de Téhilim durant la matinée de Roch Hachana. Après la lecture, on déguste des fruits pour l’élévation de l’âme des défunts.
Il est interdit de dormir durant Roch Hachana et ce afin que « le Mazal (la chance) ne dorme pas également ».

Maroc et Algérie
Les Juifs du Maroc, hommes et femmes séparés, ont pour coutume de procéder à quatre reprises à la cérémonie de Hatarat Nédarim (l’annulation des vœux) : la première a lieu le 20 Av, la seconde Roch ‘Hodech Eloul, la troisième la veille de Roch Hachana et enfin la veille de Yom Kippour.
Avant Roch Hachana, la maîtresse de maison nettoie son intérieur quasiment avec la même énergie qu’à Pessah.
Le minhag de jeûner la veille de la fête était respecté scrupuleusement par les anciennes générations, mais cette coutume est tombée en désuétude parmi les nouvelles générations.
Les Juifs marocains ne portent pas de vêtements nouveaux le jour de Roch Hachana.
La coutume veut que la Amida de Roch Hachana soit lue à voix haute par l’un des membres de la congrégation afin d’aider les membres de la communauté à se retrouver dans les longues prières de la fête.
La vente des mitsvot fait partie du folklore d’Afrique du Nord en général. C’est surtout la « Péti’hat haHei’hal », qui jouit d’une très grande popularité et cette mitsva est souvent vendue très cher, étant considérée comme une Ségoula pour la prospérité, bonne Parnassa. Le plus offrant est chargé d’ouvrir le Hei’hal (l’armoire contenant les rouleaux de la Torah) et de lire le psaume 24, qui est ensuite répété par toute l’assemblée.
A Tlemcen et à Constantine, on avait pour habitude de manger du jujube le second soir de Roch Hachana afin de réciter sur ce fruit la bénédiction de Chéé’hiyanou. La veille de fête, on constatait à Tlemcen une très grosse affluence aux dernières Sélihot de l’année et de nombreux fidèles se rendaient vers 3h du matin à la synagogue pour y prier avec une très grande ferveur avant de se rendre au cimetière. Là, une « achkava » générale était récitée à l’entrée puis les fidèles se dispersaient dans le cimetière pour réciter Kaddich en présence d’un minyane.
L’office à Tlemcen était particulièrement long puisqu’il comportait de très nombreux piyoutim exclusifs à cette communauté. Toutefois, les nouvelles générations ont peu à peu « raccourci » la prière en réduisant de moitié la quantité de piyoutim.
À Meknès, on avait la coutume de manger de la pastèque durant le Séder tandis que les Juifs de Fès et Marrakech mangent du poumon.
Les Juifs d’Algérie, de Tunisie et du Maroc mangent des dattes (Tamra ou Tam) qui signifient en araméen « terminer », dans l’espoir que l’influence de nos ennemis prenne fin.
À l’encontre des autres communautés d’Afrique du Nord, les Juifs d’Alger récitent la prière de Chéé’hiyanou concernant la sonnerie du Chofar les deux jours de Roch Hachana et pas seulement le premier.

Tunisie:
La veille de Roch Hachana, juste après les Sli’hot, a lieu la cérémonie de la Hatarat Nédarim au cours de laquelle chaque fidèle se présente devant trois sages qui le délivrent des vœux qu’il a faits durant l’année passée.
À Tunis, les sages frappaient ensuite aux portes de ceux qui n’avaient pas pu participer à cette cérémonie – personnes âgées et malades – et criaient « Atra, Atra », ce qui signifie « vous êtes délivrés ».
L’usage est que les membres de la communauté se rendent au cimetière la veille de la fête.
Jusqu’à aujourd’hui, la communauté juive tunisienne imprime chaque année la Feuille de miel (Warkat Al Assal), écrite en hébreu et en arabe et qui contient le Kiddouch, le Séder de Roch Hachana, les bénédictions de la Séouda et d’autres informations.
Deux fruits particuliers sont consommés durant le Séder et sur lesquels on récite le Chéé’hiyanou : il s’agit du Zaarour, qui est une petite pomme acidulée, et le Onev, un fruit sauvage sucré.

Djerba
À Djerba également, comme au Maroc, on récite la Hatarat Nédarim quatre fois. Durant la cérémonie, les fidèles se divisent en deux « camps » : le premier, qui fait office de « Beth Din ici-bas », reste assis tandis que le second se lève et demande au « Beth Din » de le libérer de ses vœux. Ensuite, les rôles sont inversés. Les femmes sont également présentes durant cette cérémonie.
L’argent ramassé durant la vente des mitsvot à Roch Hachana et Kippour est ensuite utilisé pour vêtir les familles indigentes pour l’hiver.
Enfin, durant toute la fête, les Juifs de Djerba ne mangent pas de poisson, car le mot Dag ressemble au mot Déaga (inquiétude).

Babel (Irak) :
Il y a deux décennies encore, les Juifs de Babel avaient l’habitude d’égorger un mouton le soir précédant Roch Hachana. Aucune famille ne renonçait à ce minhag, qu’elle soit pauvre ou riche.
Les préparatifs commençaient deux semaines à l’avance, au moment où la famille achetait le mouton et le nourrissait abondamment pour le faire grossir, généralement avec des écorces de pastèques.
Les membres de la famille organisaient des paris quant à la casherout du mouton en question. Si jamais après avoir été vérifié par le cho’het, le mouton se révélait être Taref (interdit à la consommation), la déception était énorme, non seulement parce qu’il allait falloir acheter un nouveau mouton, mais aussi parce qu’il s’agissait là d’un mauvais « signe » pour l’année à venir.
Toutefois, il y a une vingtaine d’années, lorsque les rabbanim se sont rendu compte que les familles pauvres ne parvenaient plus à financer cette coutume, ils l’ont purement et simplement annulée.
Le soir de Roch Hachana, après la prière et avant le Kiddouch, les Juifs irakiens lisent des « Bakachot » écrites par le Ben Ich ‘Haï, rabbi Yossef ‘Haïm.
Dans la maison du Ben Ich ‘Haï, le Séder de Roch Hachana était répété le matin également.
Juste après la prière de Cha’harit, toute la communauté se réunit pour la cérémonie de la ‘Hatima (signature) au cours de laquelle on lit tout le livre de Téhilim – chaque participant lisant deux psaumes – ainsi que des parties du Zohar. Ces lectures sont ponctuées par la dégustation de fruits.
Durant Roch Hachana, les Juifs de Babel ne mangent rien d’amer ou d’acide et ne boivent pas de café.

Libye
Le jour qui précède Roch Hachana, depuis la tombée du soleil et jusqu’au petit matin, les Juifs libyens achètent en très grande quantité des Soufganines (Sfenjes), sortes de beignets frits en pleine rue. Cette nuit est appelée « Leil Hatanour » (la nuit du four).
Jusqu’à très récemment, les Juifs originaires de Libye avaient l’habitude de jeûner durant les deux jours de Roch Hachana. Ce minhag est d’ailleurs mentionné dans le Choul’han Arou’h. Il y a quelques années, la majeure partie de la communauté a décidé de se délier de cette coutume et d’arrêter de jeûner.
Contrairement aux autres communautés, les Libyens ont pour coutume de lire des Sélihot durant Roch Hachana. Ces Séli’hot ont été écrites par rabbi Its’hak Ben Guiat zal, un des plus grands poètes liturgiques espagnols.

‘Habad (Loubavitch)
Les ‘hassidim de ‘Habad s’interdisent de fumer durant Roch Hachana, bien que ce soit un Yom Tov.
L’Admour Rayatz (rav Yossef Its’hak Schneerson) zatsal interdisait également de chanter durant les deux jours de la fête ainsi que de se souhaiter Lé’haïm durant les repas.
On ne revêt pas de kittel (sargueness) durant Roch Hachana.
Le Séder de Roch Hachana inclut uniquement une pomme trempée dans le miel et sur lequel on récite le « Yéhi Ratson ». On mange ensuite de la tête de poisson et de la grenade, mais sans réciter de bénédiction particulière.
Juste avant de sonner du Chofar, l’Admour recevait toutes les demandes de bénédictions de ses ‘hassidim inscrites sur des morceaux de papier déposés sur le pupitre. Il recouvrait alors son visage et ces papiers de son Talith et restait ensuite durant plusieurs minutes dans le plus grand silence avant d’entamer la sonnerie du Chofar.
Durant la sonnerie, la personne chargée d’indiquer l’ordre des sonneries au Baal Tokéa ne le fait pas à voix haute, mais se contente de désigner du doigt la sonnerie : Tékia, Chvarim ou Téroua.
Les ‘hassidim de ‘Habad ne récitent pas de Séli’hot durant les dix jours de pénitence.

‘Hassidim
La majeure partie des ‘hassidim – mis à part ceux appartenant à ‘Habad ou à Gour – portent un kittel blanc durant les prières de Roch Hachana, qui sont récitées avec une très grande ferveur. Durant les deux jours de la fête, chaque instant de libre est consacré à la lecture de Téhilim.
Certains ‘hassidim ont le minhag de ne pas procéder à la cérémonie du Tachli’h durant Roch Hachana mais plutôt durant les dix jours de pénitence.

Iran
Juste après l’office de Arvit, les fidèles d’origine iranienne se souhaitent « Tsad Samal Béin Sali Koub Bersid » qui signifie : puissiez-vous vivre encore 100 années belles comme celle-là.
Durant la prière de Moussaf, juste avant le Chofar, le ‘hazan traduit les chants liturgiques en perse, pour que le public comprenne.
Durant l’après-midi, la coutume veut que l’on se réunisse dans la maison d’un des fidèles endeuillés ou à la synagogue pour y lire deux fois le livre de Téhilim. 

http://www.hamodia.fr

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